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Accueil arrow L'Afghanistan arrow Actualites Recentes arrow 06.08.07 - MM. Bush et Karzai face au spectre de l'echec en Afghanistan
Décrite par les officiels américains comme une "session stratégique privée" entre partenaires, la visite qu'effectue à Camp David, à l'invitation de président américain George Bush, le président afghan Hamid Karzaï intervient à un moment clé, alors que le spectre de l'échec plane sur l'Afghanistan. Le toujours optimiste président afghan a même dû concéder, dimanche 5 août, dans un entretien à la chaîne de télévision américaine CNN : "La sécurité s'est très certainement détériorée ces deux dernières années. Il n'y a aucun doute là-dessus." Le sort de 21 otages sud-coréens détenus depuis le 19 juillet par les talibans – qui en ont tué deux – sera évoqué à Camp David, même si les deux présidents sont d'accord sur une position de fermeté vis-à-vis des ravisseurs qui exigent la libération de 23 des leurs. Les discussions sont maintenant principalement menées par les Sud-Coréens, qui ont aussi demandé l'aide d'Islamabad. Le gouverneur de la province afghane de Ghazni où ont été enlevés les otages, Mirajuddin Pattan, a accusé les services de renseignement pakistanais d'"interférer" dans la crise.

DIVERGENCES SUR LE RÔLE DE L'IRAN

Les responsables afghans accusent traditionnellement le Pakistan de soutenir l'insurrection des talibans qui a gagné en ampleur ces derniers mois. Sous l'égide du président Bush, les présidents Karzaï et Pervez Musharraf avaient accepté, en septembre 2006 à Washington, de constituer une "jirga" (conseil) de responsables tribaux des deux pays pour trouver une solution à la violence qui secoue principalement le sud et l'est de l'Afghanistan. Cette jirga va se réunir du 9 au 11 août à Kaboul, mais l'absence des talibans, sa composition – plus de 700 membres –, et le refus de nombreux chefs tribaux pakistanais de s'y rendre, font planer les doutes les plus sérieux sur son utilité.

A un moment où les responsables américains multiplient les déclarations menaçantes à l'égard du Pakistan, accusé d'avoir laissé se reconstituer des cellules d'Al-Qaida dans les zones tribales, M. Karzaï a affirmé qu'il évoquerait avec son homologue pakistanais "le flot des combattants étrangers" qui rentrent en Afghanistan par le Pakistan. Le président afghan demandera toutefois à M. Bush de la retenue dans la guerre contre les talibans, la multiplication des victimes civiles devenant pour lui un vrai problème.

Le rôle de l'Iran dans l'insurrection des talibans est un autre sujet de divergence entre les deux présidents. Alors que M. Karzaï a affirmé à CNN qu'il considérait l'Iran comme un partenaire dans la recherche de la paix et dans la lutte contre la drogue, le secrétaire à la défense américain Robert Gates a accusé Téhéran de "jouer sur les deux tableaux dans les rues d'Afghanistan". "Je pense que les Iraniens agissent pour aider le gouvernement afghan. Je pense qu'ils agissent pour aider les talibans, y compris en fournissant des armes", a-t-il dit sur CNN.

De son côté, M. Bush, qui a promis 10 milliards de dollars (près de 7 milliards d'euros) pour l'Afghanistan en 2007, devrait réclamer à son homologue des progrès sérieux dans l'établissement de l'Etat. Depuis plusieurs mois, les responsables militaires étrangers en Afghanistan soulignent que l'absence de "bonne gouvernance" est un problème tout aussi sérieux que celui des talibans, ceux-ci prospérant à cause des manquements de l'Etat. "Chaque progrès accompli sur le terrain est remis en cause par l'absence de suivi gouvernemental", nous affirmait récemment un diplomate britannique. Plus de 6 000 soldats britanniques sont engagés dans des combats quotidiens dans la province troublée d'Helmand. Dans leur majorité, les Afghans jugent leur gouvernement et leur administration corrompus et source d'ennui plus que d'aide.

Alors que la récolte de pavot devrait, une nouvelle fois, cette année dépasser tous les records, le président Bush pourrait remettre sur la table une proposition américaine d'épandage d'herbicides par voie aérienne, comme cela a été fait en Colombie. Cette proposition avait été rejetée en 2006 par le président Karzaï qui craignait une violente réaction des paysans.

Depuis 2002, la lutte contre la drogue en Afghanistan est victime à la fois des divergences de vues des acteurs internationaux sur la façon d'agir, de la crainte de jeter dans les bras des talibans des paysans mécontents de voir détruire leur moyen de subsistance et de l'implication des officiels dans un trafic qui rapporte environ 2 milliards de dollars par an.


La stratégie des enlèvements

19 mars : le journaliste italien Daniele Mastrogiacomo, enlevé deux semaines plus tôt, est libéré par les talibans en échange de la relaxe de prisonniers de la milice islamiste. Son chauffeur afghan avait été décapité. Son collaborateur, le journaliste afghan Adjmal Naqshbandi, connaîtra le même sort le 8 avril.
3 avril : Céline Cordelier et Damfreville, deux Français de l'association Terre d'enfance, sont enlevés. Ils seront libérés respectivement les 28 avril et le 11 mai.
19 juillet : 23 Sud-Coréens sont enlevés. Le pasteur Bae Hyung-kyu est retrouvé mort le 25 juillet et un autre membre du groupe, Shim Sung-min, est tué le 30.
21 juillet : l'otage allemand Ruediger Diedrich est à son tour exécuté.


Françoise Chipaux
ISLAMABAD CORRESPONDANTE EN ASIE DU SUD
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