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Le gouvernement afghan étudie la construction d'une ville nouvelle écologique près de Kaboul
LE MONDE | 16.10.08 | 16h45 • Mis à jour le 16.10.08 | 16h46

Cela ressemble à une blague : l'Afghanistan, ravagé par la guerre contre les talibans et sous perfusion internationale, planifie la construction d'une ville nouvelle écologique de 3 millions d'habitants, sur un plateau désertique de 400 km2, à 10 kilomètres au nord de Kaboul. Cette cité a déjà un nom : Deh Sabz ; et un visage : un triangle dont les côtés, larges et convexes, forment une trame urbaine dense, composée d'immeubles de quatre ou cinq étages, cernée par des activités agricoles et entourant un vaste espace naturel central. Les plans techniques sont en cours d'élaboration par une équipe japonaise. Mais les auteurs de la ville sont les Français de l'agence Architecture Studio, auteurs de nombreux projets en Chine et au Moyen-Orient. "Prévue pour 700 000 habitants, Kaboul en compte déjà 4 millions, entassés à 80 % dans des bidonvilles illégaux formés de maisons en terre", décrit Laurent-Marc Fischer, d'Architecture Studio.

C'est en 2004 que naît l'idée de bâtir une nouvelle cité. Ishaq Nadiri, à l'époque conseiller économique du président afghan Hamid Karzaï, est chargé de définir une stratégie de développement pour le pays. "Nous sommes confrontés à un double défi : alléger la pression démographique et développer de l'activité. La construction de la nouvelle ville, avec ses retombées économiques, permettrait d'y répondre en créant des logements et des emplois", résume M. Nadiri.

Selon ce professeur d'économie, le projet peut être autofinancé. "Le gouvernement investira 150 millions de dollars (112 millions d'euros) par an pour réaliser les infrastructures et viabiliser les terrains. Ceux-ci seront vendus aux promoteurs, qui financeront les opérations d'aménagement et commercialiseront les logements. Ce n'est pas une utopie. Il y a beaucoup d'argent en circulation en Afghanistan."

Ishaq Nadiri préside le Conseil pour le développement de la nouvelle ville de Kaboul, qui réunit des représentants de différents ministères, mais aussi du secteur privé. Des hommes d'affaires suivent de près ce projet, à l'instar du Franco-Afghan Akram Fazel, ancien directeur de la recherche de Danone et de L'Oréal, qui a joué les intermédiaires entre le gouvernement et les architectes. "Le gouvernement exigeait que soient appliqués les principes du développement durable. Nous avons aussi aidé à prendre en compte le contexte culturel islamique", précise M. Fazel.

C'est sur la gestion des ressources qu'a portée le premier effort des architectes. "Nous privilégions le développement durable "passif", par la forme urbaine plus que par les solutions technologiques, pour créer une ville qui consomme peu et qui recycle beaucoup", explique Laurent-Marc Fischer. L'agence prévoit de satisfaire les besoins par 40 % d'énergies renouvelables au démarrage, et 90 % à terme, grâce à un cocktail de stockage géothermique, de parc solaire et d'éoliennes.

Pour alimenter en eau ce terrain aride, le plan de la ville intègre les ravines naturelles par lesquelles la pluie dévale périodiquement la montagne, mais les aménage pour retenir l'eau, la filtrer, la recycler par phytorestauration et implanter sur les rives espaces verts et cultures maraîchères. Cela ne suffira pas. L'Afghanistan projette, grâce à l'aide internationale, la construction d'un barrage sur le Panshir et de trois pipelines pour alimenter la ville nouvelle, mais aussi Kaboul.

Reste à bâtir une ville socialement "vivable". Les architectes ont travaillé avec les ethnologues suisses Pierre et Micheline Centlivre, spécialistes du pays, qui les ont aidés à "comprendre les villes afghanes, l'usage de l'espace public, l'absence de places, la succession d'espaces protégés". Conseils d'autant plus utiles que "le gouvernement demande que, à l'inverse de Kaboul, n'apparaisse pas de découpage ethnique de la ville entre Pachtounes, Ouzbeks, Tadjiks, etc.", raconte Laurent-Marc Fischer. "Nous recherchons la mixité ethnique en refusant la mixité sociale, par un fort classement des quartiers selon la richesse."

Développement durable, prospérité économique, unité nationale... Autant d'objectifs qui semblent illusoires dans le contexte afghan. "Qu'est-ce qu'on peut faire d'autre que construire cette ville ?, rétorque Ishaq Nadiri. L'insécurité ne fera qu'empirer tant qu'on n'offrira à la jeunesse que des bidonvilles. Et l'aide humanitaire n'est pas une solution. Ce que nous faisons à Kaboul pourrait devenir un modèle économique de réponse au chaos." M. Nadiri veut croire à un démarrage des travaux d'ici deux ans.
Grégoire Allix
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